Lupus systémique : Les plaquettes alimentent le dérèglement immunitaire et représentent une opportunité thérapeutique

Le lupus systémique est une maladie auto-immune potentiellement mortelle, qui touche principalement les jeunes femmes. La norme de soins repose sur des médicaments immunosuppresseurs qui aident à contrôler le dérèglement immunitaire, mais augmentent les risques d’infection et de maladie cardiaque, qui représentent la première cause de mortalité de nos jours. Par conséquent, il existe un besoin crucial pour le développement de thérapies innovantes dans le lupus systémique.

Des membres de RESO Bordeaux viennent de publier une nouvelle étude dans Science Translational Medicine, qui montre que les plaquettes sanguines des patients atteints de lupus étaient activées lorsque la maladie s’aggravait et que cette activation facilitait l’interaction des plaquettes avec les cellules immunitaires. Plus précisément, les plaquettes ont interagi avec les cellules régulatrices T, un sous-ensemble de globules blancs impliqués dans le contrôle de la réponse immunitaire.

L’activation des plaquettes est connue pour augmenter l’expression de la P-sélectine et nous avons confirmé des niveaux élevés de P-sélectine chez les patients atteints de lupus, en particulier ceux avec une forte activité de la maladie. L’étude démontre que les plaquettes, en exprimant la P-sélectine, ont abrogé l’activité suppressive des cellules T régulatrices, ce qui conduit à une dérégulation immunitaire, un phénomène observé dans le lupus.

Pour évaluer le potentiel thérapeutique de l’inhibition de la P-sélectine dans le lupus systémique, les auteurs ont traité des souris sujettes au lupus avec un anticorps anti-P-sélectine et ils ont découvert que cet anticorps améliorait significativement la maladie.

Ces résultats jettent les bases d’un traitement anti-P-sélectine dans le lupus systémique. Des anticorps thérapeutiques ciblant la sélectine P sont déjà disponibles et pourraient donc être repositionnés.

Des anticorps anti-P-sélectin agissent de deux manières. Ils permettent de rétablir la régulation du système immunitaire, ce qui entraîne une amélioration de la maladie. De plus, la baisse du niveau de P-sélectine diminue le risque d’athérosclérose et des maladies cardiaques.

De plus, les niveaux de P-sélectine sont associés à la progression de l’athérosclérose, ce qui pourrait expliquer le risque accru de maladie cardiaque dans le lupus systémique. Cela signifie qu’une thérapie basée sur l’inhibition de la sélectine P agirait probablement comme une thérapie multimodale, rétablissant la régulation immunitaire et prévenant des complications telles que l’athérosclérose. Contrairement aux traitements actuels, un traitement par sélectine P ne favoriserait pas le risque d’infection.

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